Extrait de l’interview de Olli Rehn, commissaire européen à l'Élargissement parue dans la Figaro aujourd’hui.
Première information: Nicolas Sarkozy ne profitera pas de l'ouverture, le 27 juin prochain, de la poursuite des négociations d'adhésion de la Turquie dans l'UE pour signifier le "non" définitif de la France sur cette question. Première promesse non tenue du quinquennat...
Deuxième élément d'importance: l'autisme de Monsieur Rehn qui dans ses propos considère comme indispensable et inéluctable l'entrée de la Turquie dans l'Union.
LE FIGARO. - Êtes-vous rassuré par l'intention du chef de l'État de ne pas bloquer la poursuite des négociations avec la Turquie en juin ?
Olli REHN. - Le nouveau président français fait preuve d'une attitude responsable. Il est préférable de continuer le processus de négociation avec la Turquie, d'autant que ce pays traverse une période très difficile avant les législatives de juillet. L'Union européenne doit continuer à aider le développement de la démocratie en Turquie. La décision finale sur l'adhésion de ce pays ne doit être prise qu'en toute fin de processus.
En quoi l'ouverture de ces trois chapitres de la négociation, le 26 juin, est-elle importante ?
Côté européen, il s'agit de respecter notre engagement de décembre 2006, quand nous avons décidé de poursuivre les négociations. Pour la Turquie, c'est un signal important, car beaucoup de Turcs se posent la question de la crédibilité de l'Union. C'est essentiel pour ancrer le processus de réformes en Turquie.
La France veut poser la question des frontières de l'Europe à la fin de l'année. Craignez-vous ce débat ?
Pas du tout. Ce débat existe, en France, depuis l'élection du général de Gaulle ! À Bruxelles, nous l'avons déjà eu. L'Europe se définit sur la base de la géographie mais aussi des valeurs. Nous avons décidé en décembre dernier de ne pas accepter de nouvelle candidature dans un avenir proche, mais nous avons aussi dit qu'il fallait tenir notre parole avec la Turquie et les pays des Balkans.
Si vous deviez donner un seul argument aux Français en faveur de l'adhésion de la Turquie, lequel avanceriez-vous ?
La relation entre l'Europe et l'Islam ! Elle est, à mon avis, le plus grand défi pour l'Europe. La Turquie est déjà un pont entre la civilisation européenne et musulmane. Si elle peut, en fin de processus, dans dix ou quinze ans, remplir tous les critères d'adhésion, elle formera un pont encore plus solide entre nos civilisations. Il y a 15 millions de musulmans en Europe, dont l'intégration est capitale pour l'avenir de nos sociétés.
Ne croyez-vous pas qu'il existe un « agenda caché » de l'AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir à Ankara, pour islamiser la société turque ?
Non. Ces craintes sont très exagérées. Il n'y a aucune preuve de cet agenda caché, après cinq ans de pouvoir de Recep Tayyip Erdogan et d'Abdullah Gül. Selon moi, l'AKP est un parti « démocrate musulman », comme il existe ailleurs en Europe des partis « chrétiens démocrates ». La perspective européenne est très positive pour ces musulmans que je qualifie de « post-islamistes ». Elle leur offre des garanties contre l'emprise de l'appareil sécuritaire. Les réformes que demande l'Europe sont plus difficiles à accepter pour le courant kémaliste, notamment la liberté d'expression.
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