lundi 17 novembre 2008

Souvenons nous de Julien Quemener



L'AFFAIRE QUEMENER: Une manipulation de l'antiracisme

Le 23 novembre 2006, le Paris Saint Germain et l'Hapoel Tel-Aviv s'affrontent au Parc des Princes. C'est une rencontre à haut risque : les deux équipes sont touchées par le fléau du hooliganisme.

Le lendemain, on apprend qu'un policier d'origine antillaise a sauvé la vie d'un supporter du club israélien pourchassé par de nombreux hooligans parisiens. Après s'être interposé entre le supporter de l'Hapoel Tel et ses poursuivants, le policier aurait été frappé à plusieurs reprises et projeté au sol. S'estimant en état de légitime défense, il fait usage de son arme : la balle blesse grièvement l'un des assaillants avant de toucher en plein cceur un autre supporter parisien.

Pendant trois jours, la rampe médiatique éclaire de tous ses feux le comportement héroïque du policier Antoine Granomort, un jeune policier noir qui, face à une meute de néo-nazis du Kop de Boulogne, a risqué sa vie pour sauver celle d'un jeune supporter juif.

Curieusement, la plupart des dépêches et des flashes d'information radiophoniques mentionnent continuellement l'origine du policier. On laisse également entendre que la mort de l'un des supposés agresseurs était pleinement justifiée. Cette attitude n'est pas surprenante : dans une France communautarisée, le racisme est le pire des crimes. À quelques semaines d'une réforme destinée à inscrire l'abolition de la peine de mort dans la constitution, on laisse entendre que le supporter abattu n'a eu que ce qu'il méritait. On embraye ensuite sur le problème de la violence endémique dans les stades, on s'en prend au laxisme de la direction du PSG : le fait divers devient débat de société.

Simultanément, une manoeuvre politique commence à s'esquisser à la suite des déclarations du procureur Marin. Ce dernier provoque un certain émoi dans certains quotidiens et hebdomadaires bien pensants en déclarant que les agresseurs scandaient des slogans frontistes. Même si elle fait long feu, les médias sont tentés pendant quelques jours de donner un « effet Carpentras » au traitement de cette affaire. Est-ce la publication dans les jours qui ont précédé le drame d'un sondage du CSA créditant Jean-Marie Le Pen de 17 % d'intentions de vote qui conduisent certains titres de presse à éclabousser le Front national ?

Dans le même temps, et bien qu'on ne sache pas grandchose de cette affaire, les principaux représentants de la classe politique s'expriment haut et fort selon les réflexes pavloviens qu'on attendait d'eux en matière d'antiracisme politique.
Dans cette logique de l'urgence qui désormais prévaut dans notre démocratie d'opinion, on assiste à une surenchère d'indignation alors que les incertitudes concernant ce fait divers sont nombreuses. Chacun s'empresse d'obtenir des gages en matière de politiquement correct sans aucun mot, sans aucune compassion pourcelui qui paye le prix fort dans cette affaire et qui, finalement, en est la véritable victime. Pendant trois jours on ne connaît d'elle que son nom et son âge. On n'a pas droit aux grands classiques victimaires auxquels les médias nous ont habitués : interview des parents, des membres de sa famille, de ses amis...

Après avoir été traîné dans la boue pendant les trois jours qui ont suivi le drame, sans aucun égard pour ses parents et sa fiancée, le Journal du Dimanche rapporte un certain nombre d'éléments sur Julien Quemener qui tranchent singulièrement avec la dépersonnalisation froide le réduisant à un agresseur qu'un policier avait toutes les raisons d'abattre. Avec cet article du JDD, Julien Quemener retrouve, au propre comme au figuré, un visage humain.
On apprend que c'était un jeune de banlieue, de Savigny-le-Temple (Essonne), que ses amis ne reconnaissent pas dans la version officielle et bien pensante. Son meilleur ami est Antillais. Sa fiancée est d'origine japonaise.
Décrit comme un garçon « gentil » et « serviable », il avait fait part à ses proches de son dégoût de la violencedans les tribunes : écoeuré par les bagarres survenues à lasuite d'une défaite du PSG contre Bordeaux, il avait hésité à reprendre sa carte de supporter. Ceux qui l'accompagnaient lors des matchs, témoignent ne jamais avoir vu Julien se battre contre d'autres supporters. Selon ses parents, il s'était rasé le crâne en raison d'une calvitie naissante. C'était un jeune homme qui ne s'intéressait pas à la politique ; au point de ne pas être inscrit sur les listes électorales. Julien Quemener avait un beau projet : il voulait se marier à l'église. Il envisageait d'entrer en catéchuménat afin d'être baptisé. Nous sommes assez loin de la brute raciste assoiffée de violence décrite dans les premiers jours qui ont suivi sa mort.

Peu de temps après la publication de ces éléments biographiques, l'autre supporter touché par le tir du policier donne sa version des faits. On découvre son identité : il s'appelle Mounir et ne ressemble pas vraiment à un skinhead néo-nazi. Il conteste la légitime défense : selon lui, le policier n'avait pas besoin de tirer. Il précise qu'il n'y a pas eu de sommations. Il déclare également que le policier lui a tiré dessus à bout portant et que ce dernier n'était pas à terre lorsqu'il a fait feu mais debout : ces affirmations ont été confirmées par les expertises balistiques.

QUI ÉTAIT CE « POLICIER » ?

L'affaire prend ensuite une direction des plus inattendues : on apprend que le policier qui a tiré va être jugé au mois de juin prochain pour « escroquerie » et « dénonciation d'infractions imaginaires ».
En 2001, il aurait extorqué 5 400 euros à des dealers qui le retrouvent par hasard deux ans après. Il se voit alors contraint de leur verser 15 000 euros sous peine de représailles. Comme il ne dispose pas d'une telle somme, il vole son beau père qui porte plainte. Il invente alors une histoire pour se justifier : après avoir été victime d'un enlèvement suivi d'une séquestration accompagnée de violences et d'un viol collectif, il aurait été contraint par ses ravisseurs de trouver de l'argent pour payer une rançon? Mais, les enquêteurs ne croient pas leur collègue : ils établissent rapidement qu'il s'agit de fausses allégations.
Au moment ou ces faits sont révélés, sa hiérarchie précise qu'Antoine Granomort n'avait pas pour autant été suspendu de ses fonctions : le policier a tout simplement été muté au service régional de police des transports (SRPT). Le 23 novembre dans la soirée, lors du match PSG/TelAviv, il assurait en civil une mission de surveillance de véhicules de police aux abords du Parc des Princes. Pourtant, le 16 décembre 2006, la revue Monde et Vie dévoile une information dont l'importance est considérable : au moment où il intervient, Antoine Granomort faisait l'objet d'une suspension administrative définitive lui interdisant d'assumer une quelconque mission.

Autre élément troublant révélé le 5 janvier par le quotidien France Soir : le policier a déclaré avoir été frappé violemment à plusieurs reprises jusqu'à perdre son équilibre et se retrouver à terre. Or cette version est contredite par le rapport médico-légal, lequel ne mentionne aucune lésion, à l'exception d'un petit hématome.

PRÉFÉRENCE ETHNIQUE

Quelques semaines après les faits, le mythe du héros est quelque peu écorné : l'affaire Julien Quemener prend une tournure radicalement différente. Une affaire qui doit être suivie avec grand intérêt car elle est un exemple des procédés dont use l'antiracisme politique par l'entremise de médias qui lui sont acquis dans leur grande majorité.

Cette affaire n'est pas un cas isolé. On retrouve ce parti pris politico-médiatique dans le traitement médiatique plusieurs affaires. Il se traduit par une préférence ethnique inacceptable concernant les victimes. La mort de Julien Quemener aurait-elle été traitée de la même manière s'il avait été noir ou d'origine maghrébine et si celui qui l'a abattu avait été blanc ?
Lorsqu'un jeune d'origine subsaharienne ou maghrébine décède à la suite d'une bavure, il devient automatiquement une victime qui a droit à la formule compassionnelle intégrale de la part des médias et des pouvoirs publics. En ce domaine, nous aurons tout vu : entrevue des proches, couverture la marche silencieuse, prise de position d'hommes politiques et de responsables associatifs, sans parler du sociologue service qui va jusqu'à justifier les incendies de voitures, d'équipements publics et les agressions de forces l'ordre par des « jeunes en colère ».
Il en va autrement lorsque vous êtes « gaulois », un « céfran » comme Julien Quemener. Comme Jean Claude Irvoas, tué devant sa femme et sa fille pour avoir photographié un réverbère à Epinay-sur-Seine pendant les émeutes de novembre 2005. Comme Jean-Jacques Le Chenadec, frappé à mort quelques jours plus tard à Stains dans un quartier abandonné aux bandes d'incendiaires, alors qu'en voisin dévoué il protégeait le parking de son immeuble d'éventuelles dégradations.
Ces affaires ont en commun d'avoir été traitées de manière à limiter leur effet politique tandis que d'autres faits divers sont exploités jusqu'à des sommets d'indécence.

Tandis que la gauche parisienne inaugure rue Monsieur le-Prince une plaque à la mémoire de Malik Oussékine vingt ans après le passage à tabac auquel ce jeune dialysé n'a pas survécu, trois jours auront suffi pour oublier le petit Carl mort sous les coups de ses camarades de classe. Mais pour les autorités comme pour les médias, le petit Carl avait un défaut qui excuse ses agresseurs : il avait coeur fragile.

L'antiracisme, ce « communisme du XXIème siècle » selon le philosophe Alain Finkielkraut, se nourrit d'un recyclage victimaire particulièrement exclusif. C'est l'honneur de l'AGRIF que d'être un recours face à de telles injustices.

David FONTEY - REVUE Reconquête n°234 - Janvier 2007




Sources:
1 « Supporteur du PSG tué ...un rapport étonnant! » France-S. - 5 janvier 2007
2 « PSG: le policier rattrapé par la justice » Libération - 30 novembre 2006
3 Revue Monde & Vie, numéro 772 - 16 décembre 2006
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Antoine Granomort a été révoqué en septembre 2007. A quand une véritable enquête sur la mort de Julien Quemener?

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