lundi 7 mai 2007

Être (authentiquement) de droite

Voici un extrait d'un livre politique publié en 1985: "Romain Marie sans concession", Entretiens avec Yves Daoudal – Editions DMM (novembre 1985). Bernard Antony ("Romain Marie" à l'époque) parle de son parcours politique, de ses engagements de l'époque et livre des analyses toujours d'actualité.



- Vous vous définissez politiquement comme un homme de droite, qu'entendez-vous exactement par là ?

L'homme de droite, c'est d'abord quelqu'un qui a le sentiment de sa filiation. Il sait, même s'il est très pauvre, qu'il a hérité d'un immense capital de civilisation. Il sait qu'il doit au moins le transmettre, et il voudrait autant que possible le faire fructifier. L'homme de droite, c'est quelqu'un qui a davantage le sens des devoirs que des droits. (…)

L'homme de droite est un pessimiste joyeux, alors que l'homme de gauche est un optimiste triste. Nous ne croyons pas à l'avènement du royaume de Dieu sur la terre. Et c'est pour cela que nous pouvons efficacement, car sans illusion, travailler à rendre la vie sociale aussi harmonieuse que possible. Comme l'homme n'est pas parfait, il a besoin de garde-fou, de règles, d'institutions...

- Et c'est ainsi que l'homme de droite met au premier plan l'autorité...

Non. On entend souvent dire, en effet, que ce qui manque à notre société, c'est l'autorité. Je ne suis pas d'accord. Ce dont souffre notre société c'est beaucoup plus de ce qu'elle ne sait plus où elle va. La crise de l'autorité est seconde par rapport à la perte de nos valeurs spirituelles et morales, de notre sens chrétien et national, L'autorité n'est pas en elle-même une vertu supérieure, elle ne vaut que par la finalité qu'elle sert. Il n'y avait pas de manque d'autorité dans la SS. Il n'y a pas de manque d'autorité dans l'armée rouge, or, je ne vous ferai l'apologie ni de l'une ni de l'autre.

- Mais quelle définition donnez-vous de l'autorité ?

L'autorité n'est pas autre chose qu'un service. On lira avec profit les grands textes de Louis Salleron sur ce sujet. Le mot autorité vient du latin augere : augmenter. L'autorité n'a aucun sens si elle n'est pas un apport. Elle est ce qui régit les règles nécessaires pour subsister. Elle est ce qui s'oppose à la mort et permet la pérennité.
L'autorité est service, et le chef est celui qui obéit le plus à des lois non écrites. Lorsque le chef perd de vue qu'il est le premier serviteur, il y a cette déviation de l'autorité qui s'appelle l'autoritarisme.

- Nous abordons ici la grande question de l'autorité de l'État.

Il n'y a pas d'État sans autorité. Mais une autorité se délite d'autant plus qu'elle s'exerce sur trop de choses. Le problème fondamental aujourd'hui est que l'Etat devient totalitaire, mais de moins en moins autoritaire. Il s'occupe de moins en moins de ce qui lui revient et de plus en plus de ce qui ne lui revient pas.


Extrait de "Romain Marie sans concession", Entretiens avec Yves Daoudal – Editions DMM (novembre 1985

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