mercredi 23 mai 2007

CYNOPOLIS

Plus de 30 000 chiens errent tranquillement dans les rues de Moscou. La municipalité semble complètement dépassée. Ses services se limitent à stériliser le plus grand nombre de chiens avant de les relâcher à l'endroit où ils ont été capturés par la fourrière.
Il n'est donc pas rare de croiser des meutes de chiens dans les endroits les plus touristiques de la ville, de la Place Rouge aux couloirs du luxueux métro moscovite.
Il arrive très souvent que des passants soient mordus. Il semble, d'après les statistiques, que les victimes par excellence des chiens les plus agressifs soient des passants âgés. Le cadre de choix: les endroits peu fréquentés. En 2005, la découverte du corps d'un gardien d'entrepôt entièrement couvert de morsures avait défrayé la chronique.
Le phénomène des chiens errants, s'il semble peu inquiéter les autorités, fait regretter à certains la législation soviétique, si expéditive et draconienne en ce domaine comme dans tant d'autres. Sous l'ordre ancien, tout chien errant était immédiatement abattu, tandis qu'un numerus clausus était fixé afin de limiter la prolifération des animaux domestiques en ville. La première solution est simpliste, cruelle…Je préfère nettement la seconde.
Peu suspect de sympathie pour le modèle soviétique, je ne peux m'empêcher de regretter -en constatant chaque jour l'état des rues de Paris, qu'une limitation du nombre de chiens dans la capitale n'ait jamais été envisagée par ses édiles.
La capitale compte aujourd'hui quelque 200 000 chiens – soit un chien pour 10 habitants, dont les promenades quotidiennes se soldent par 16 tonnes de déjections lesquelles s'accumulent sur les trottoirs malgré les efforts des services de nettoyage. Services qui coûtent chaque année environ 150 millions d'euros, pour le résultat que l'on sait.
Quant aux déjections echappant à la vigilance des hommes en vert, elles provoquent des glissades qui causent 623 blessés par an. Ce chiffre inclut également les personnes accidentées en deux-roues.
Etant donné l'insuffisance des moyens, le nettoyage se doit d'être sélectif. Il y a des rues qui sont soigneusement nettoyées: ce sont généralement des rues des bâtiments officiels, celles des associations de commerçants qui "pèsent". Et il y a les autres: où la densité de déjections au mètre carré est vraiment impressionnante.
Numerus clausus? Vignette canine qui compenserait la dépense engagée par la municipalité? J'entends déjà le choeur des Belles Âmes entonner la "complainte de la gentille mémé" qu'un sans-cœur comme moi priverait ainsi de l'être cher qui meuble sa solitude...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour meubler sa solitude on peut aussi penser à faire des enfants ... quand il est temps.
Avoir des chiens ou des bébés c'est aussi un peu un choix de société.